• - Le concept du Yin et le Yang

     

    Article issu du magasine Horoscopes n°260 (janvier, février, mars 2011)

    - Le Yin et le Yang

     

    Pilier de la philosophie chinoise, le Yin et le Yang se retrouvent dans tous les textes fondamentaux, courants religieux asiatiques ou principes de vie. Comme le Feng Shui, tout est basé sur ces deux faces contradictoires : principe féminin d'un côté, principe masculin de l'autre. Que représente ce symbole mythique ? A-t-il sa place e, occident ? 

     

    Le tajitu est la représentation du ying-yang. Un cercle parfait, divisé de part égale par un symbole blanc et un même symbole tête baissée, noir (selon plusieurs pensées les deux parties représenteraient deux virgules ou deux poissons). 

    - Le concept du Yin et le Yang

     

    La part blanche est associée au Yang, principe masculin et positif, la part noire est donc le Yin, principe féminin et négatif. Une dualité complémentaire qui selon les textes chinois seraient à la base de tout, de l'univers et du monde tel que nous le connaissons. La théorie du Yin et du Yang est née du Chi, l'énergie vitale contenue dans toute chose vivante, et elle en est son prolongement direct. Le Yin et le Yang ne doivent pas être considérés comme des énergies, des substances ou encore des éléments mythiques, ils ne peuvent exister l'un sans l'autre, ils sont indissociables et peuvent être expliqués comme un concept de division.

     

    Marcel Granet dans "la pensée chinoise" écrit : "La philosophie chinoise (du moins dans toute la partie connue de son histoire, est dominée par les notions de Yin et de Yang. Tous les interprètes le reconnaissent. Tous aussi considèrent ces emblèmes avec la nuance de respect qui s'attache aux termes philosophiques et qui impose de voir en eux l'expression d'une pensée savante. Enclins à interpréter le Yin et le Yang en leur prêtant la valeur stricte qui semble convenir aux créations doctrinales, ils s'empressent de qualifier ces symboles chinois en empruntant des termes au langage défini des philosophes d'Occident. Aussi déclarent-ils tout uniment tantôt que le Yin et le Yang sont des forces, tantôt que ce sont des substances. Ceux qui les traitent de forces - telle est, en générale, l'opinion des critiques chinois contemporains - y trouvent l'avantage de rapprocher ces antiques emblèmes des symboles dont use la physique moderne. Les autres -ce sont les Occidentaux - entendent réagir contre cette interprétation anachronique. Ils affirment donc (tout à l'opposé) que le Yin et le Yang sont des substances, -sans songer à se demander si, dans la philosophie de la Chine ancienne, s'offre la moindre apparence d'une distinction, ils prêtent à la pensée chinoise une tendance vers un dualisme substantialiste et se préparent à découvrir dans le Tao la conception d'une réalité suprême analogue à un principe divin [...]

     

    Edgar Marin donne une autre définition du Yin et du Yang suite à une interrogation sur le Yi King, dans son ouvrage "La méthode 1. La nature de la nature" : "Le Yi King ou livre des transformations de l’archaïque magie chinoise apporte l'image la plus exemplaire de l'identité du Génésique et du Génétique. La boucle circulaire est un cercle cosmogonique symboliquement tourbillonnaire par le S intérieur qui à la fois sépare et unit le Yin et le Yang. La figure se forme non à partir du contre mais la périphérie et naît de la rencontre de mouvements de directions opposés. Le Yin et le Yang sont intimement épousés l'un dans l'autre, mais distincts, ils sont à la fois complémentaires, concurrents, antagonistes. La figure primordiale du Yi-King est donc une figure d'ordre, d'harmonie, mais portant en elle l'idée tourbillonnaire et le principe d'antagoniste. C'est une figure de complexité".

     

    Coté Yin.

    C'est un peu le côté obscure de la force, dixit Dark Vador. Le Yin est froid, négatif, creux, il est le néant comme l'obscur, il n'est pas à l'origine de la vie. Il est une énergie féconde passive associée à la lune et à la femme. On peut dire d'une femme ou d'un homme si il ou ele est plutôt Yin ou Yang. Un individu Yin sera plutôt introverti, timide. Il n'aime pas attirer l'attention et se met rarement au devant de la scène. Avoir une personnalité davantage Yin que Yang n'est pas facile. Souvent vu comme le vilain petit canard, une personne Yin trouve difficilement sa place, elle ne se sent pas en accord avec les modes qui l'entourent. Physiquement, elle sera souvent bien portante et de petite taille. Une physionomie qui trouve son explication dans la définition de passivité donnée au principe Yin.

     

    Côté Yang.

    C'est la part de bon, le côté lumineux, il est l'opposé du Yin, il le complète parfaitement et entièrement. Le Yang correspond ainsi au chaud, à la rapidité et la dureté. Il est de principe masculin, toujours actif, toujours en mouvement. Il est l'étincelle de vie qui va germer dans le principe de vie passif du côté Yin. Une personne Yang est active, énergique. Elle est de type nerveux. Elle va vouloir tout contrôler, être sur le devant de la scène. Elle aura sûrement beaucoup d'admirateurs et une aisance verbale très marquée. Un individu Yang déteste la routine, il souhaite vivre des aventures incroyables à la mesure de son ego. Les défis l'excitent et les prises de risques sont son dada. En étant davantage Yang, l'homme comme la femme est prédisposée à s'accomplir davantage dans le milieu professionnel.

     

    L'origine dans le Tao.

    D.M Jacques Facundo dans son ouvrage "La verticalité de l'être" donne plus de précisions sur le Yin et le Yang et la création du Tao qui en découle.

    "Dans la taoïsme, doctrine philosophique chinoise, le Tao est un principe régulateur de l'univers qui règne à l'origine de la vie. L'univers est la manifestation du Tao qui est traduit par voie, chemin, ordre établi. Il signifie aussi une puissance résidant dans et derrière la nature qui anime le jeu cosmique. Il est le principe d'ordre et de réalisation dans lequel on retrouve aussi les notions de totalité, de responsabilité, d'efficacité. Tao exprime l'ordre efficace qui domine l'ensemble des réalités apparentes, il est le principe unique de toutes les réussites et fait penser à la conduite la plus régulière et la meilleure, celle du sage mais aussi du souverain.

    Le taoïsme, philosophie naturaliste qui résulte de l'observation de la nature, met en évidence une organisation analogique du monde sous la forme d'une dualité synthétique, unitaire et non manichéenne. Dans la nature, les contraires tendent à se concilier, le deux à faire un. La nature est un modèle objectif et réaliste, unitaire et synthétique qui développe toutes les potentialités humaines en privilégiant l'amour et la libération de l'Homme et de l'univers. L'Homme ne doit pas transgresser les lois de l'univers mais s'y soumettre, ce qui lui confère une position d'humilité par rapport à la nature. L'Homme n'est pas au-dessus de la nature, il n'est pas un Dieu, projet utopique et orgueilleux. Il est dans la nature, trait d'union entre le ciel et la terre, dans un juste milieu lui confèrent le privilège de la verticalité. L'Homme qui son centre, son égocentrisme pour accéder au milieu, à la verticalité, par l'amour et la foi".

     

    Unité et totalité.

    "Le Yin et le Yang sont les opposés complémentaires qui forment le couple mâle et femelle qui compose la totalité du Un. Ce sont les deux aspects d'une même réalité dont la rupture détruit l'unité et l'équilibre. Ces deux forces doivent s'harmoniser sans domination d'une force sur l'autre qui n'aboutirait qu'à la discorde ou à la mort. Chaque force tempère l'autre comme processus de l'humidification du sec. Concilier le Yin et le Yang, c'est retrouver la force de l'unité, la totalité de l'être, de l'essence et de la substance, de l'esprit et de la matière. Le corps est la demeure de l'esprit. Chaque homme est une partie de la création à l'image de tout. Chacun est lié aux autres et au tout. L'homme et les dix mille être ne forment qu'un seul et même règne. L'homme est un microcosme dans le macrocosme. La connaissance Suprême est de retrouver l'unité et la perfection primordiale".

     

    Alternance et opposition.

    "Les aspect sont toujours sentis alternants, comme jour-nuit, hiver-été, froid-chaleur. Le calendrier, réglé sur les cycles alternant Yin et Yang, a permis d'organiser autour de la nature les comportements humains. Le rythme des saisons apparaît comme le fondement moteur des rythmes de la vie annuelle. Chaque saison marque le triomphe transitoire et alterné des oppositions. Les différentes manifestations de la vie annuelle de la nature, animale, végétale, climatique sont des signaux organisés autour du calendrier gérant la vie sociale. Il est nécessaire d'observer et de retrouver le rythme de la vie naturelle pour organiser la vie sociale.

    L'antagonisme des deux principes évoque dans l'alternance et la continuité les phases de l'activité sociale autour des cycles jour-nuit, été-hiver, activité-repos. Le temps et le calendrier, le rythme des saisons règle les activités des gommes. La vie est une mélodie rythmée où les substances représentent les mesures et la partition. Ceci est particulièrement patent dans le déroulement jour-nuit ou lors de la succession des jours ou des saisons. L'hiver est Yin où règnent le froid, le repos, la passivité, l'hibernation et la récupération. L'été est Yang où dominent la chaleur, l'action, l'activité, l'expansion, la dépense.

     

    Complémentaires.

    Le Yin et le Yang ne sont pas en contradiction, ils se complètent dans une relation solidaire : dualité et unité, l'univers chinois est un univers total où chaque partie est à l'image de tout. L'interaction de ces deux forces régit les cycles de la vie, les transformations des états, l'équilibre et l'harmonie des forces opposées qui composent l'unité. La vie est un mélange harmonieux de Yin et de Yang. La force est liée à la faiblesse, le repos à l'action. Le repos et la passivité permettent la récupération, la conservation de l'énergie alors que l'activité la disperse. Le Yang stimule, le Yin calme. Un couple parfait, une complémentarité absolue.

     

    Aucun jugement.

    Il ne faut pas voir dans Yin et le Yang un jugement de valeur bon d'un côté, mauvais de l'autre, car l'esprit chinois est hostile à une dichotomie manichéenne opposant le bien et le mal : rien n'est mauvais en soi, seul l'excès ou l'insuffisance est un défaut. Il ne faut pas juger la nature mais s'y conformer. La nature humaine n'est ni bonne, ni mauvaise, elle est. Le bien et le mal sont des notions variables dans l'espace et dans le temps, fluctuantes, conjoncturelles, différentes pour les uns ou pour les autres. Ce qui est bon pour l'un ne l'et pas forcément pour l'autre. Le comportement juste et équilibré est celui qui est le plus approprié à une situation."

     

    Relativité.

    "Le soleil donne la lumière qui permet la vision et le rythme du temps. L'organisation du temps se fait autour des repères solaires. La nuit, la reconnaissance n'est plus visuelle, mais tactile et donne la notion d'espace. Ces manifestations cycliques et complémentaires se perçoivent tout autant dans l'espace-temps que dans chacun des aspect pris séparément, l'espace ou le temps, sans oublier que la perception chinoise ne sépare pas et conçoit lier ces deux aspects. L'espace et le temps forment un ensemble indissoluble. Les relations des espaces et des temps s'effectuent sous la maîtrise des activités Yin et Yang. Le temps est Yang par rapport à l'espace qui est Yin.

    Dans le temps, le passé est Yin et le futur est Yang. Dans l'espace, le nord est Yin, le sud est Yang. Les deux essences animent dans l'espace-temps une répartition cyclique des éléments qui concourent à agencer un ordre immuable et efficace et réalisent le coupole d'opposés conciliés dans la plus parfaite des harmonies. Il n'y a pas d'opposition absolue.

    Même constat pour l'ombre et la lumière. Là où est l'ombre, là est la lumière. Le rejet de l'un exclut l'autre. Au maximum de Yang, il y a toujours persistance d'un noyau Yin. Le soleil est Yang par excellence, mais on voit aussi des tâches solaires sombres. Dans l'esprit chinois, l'opposition entre Yin et Yang n'est que relative, ce sont les deux aspects d'un même état. Ce ne sont pas des entités indépendantes. L'esprit est la partie éthérique du corps qui est zone dense de l'esprit."

     


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